Tricoter des histoires, oui mais comment ?

Rayonnant visiteur, lumineuse visiteuse, verdoyante pousse de séquoia, mes salutations,

J’espère que les feuilles de platane étaient croquantes sous la dent, le nectar de ciel réconfortant et la caresse du vent froid sur ton front, entraînante et joyeuse.

Nous revoici pour la troisième et dernière partie de ce long article consacré à la question suivante : Quelles histoires raconter ? Quelles thématiques exploiter, entrefiler, insuffler dans nos récits ? Pour qui écrivons-nous et pour semer quoi ?

Feuilles de platane croquantes sous la dent
Image par Couleur de Pixabay

Dans les articles précédents, j’ai évoqué les réponses à ma « Première Interrogation », à savoir que j’écrivais avant tout pour communiquer, puis répondu à ma « Seconde Interrogation » en définissant mes thèmes de prédilections, résolument positifs : la transfiguration, le rayonnement et la voie de l’unité.

C’est une chose de vouloir communiquer des messages (comme tout piou messager qui se respecte), c’en est une indispensable d’identifier lesdits messages, il faut encore savoir les cuisiner à la bonne sauce. Et l’expérience m’a montré que ce n’était ni quelque chose d’inné, ni quelque chose d’évident. Ce qui nous amène au sujet de cet article :

« Troisième Interrogation » – Comment communiquer efficacement et de manière positive dans mes histoires les thématiques qui me tiennent à cœur ?

Le premier challenge que j’ai rencontré sur ce chemin-là m’a donné du fil à retordre : il était plus facile, plus « naturel » pour moi, d’aborder la transfiguration, le rayonnement et l’unité… en jouant la polarité inverse, en appuyant le contraste, par le biais d’intrigues sombres, de personnages en souffrance et de climax destructeurs… ironique, n’est-ce pas ?

J’en veux pour exemple ce roman noir sur lequel j’ai travaillé un long moment avant de décider… de ne pas le terminer. A travers ce texte, je voulais montrer comment un être lumineux pouvait être transformé par la souffrance et l’oppression, en mettant l’accent sur ces instants clés où il aurait suffi d’un rien pour le sauver… à écrire ce récit, j’avais les plumes noircies et le cœur craquelé.

Abrakadarkbra !
Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay

Je prenais les choses à l’envers, et c’est là que j’ai réalisé que cette transfiguration dont je voulais parler, je voulais en parler sous l’éclairage de l’espérance – montrer comment même les blessures les plus profondes, intimes et parfois inavouables, peuvent être transmutées, guéries. Et pour cela, nul besoin d’exclure les éléments conflictuels de l’histoire, mais d’axer le développement du conflit (intérieur et extérieur), des intrigues et des personnages autour de cette notion de choix.

Il me fallait transformer des personnages qui subissaient en narrateurs acteurs et actifs. Mettre en scène des personnages qui se fanaient pour mieux refleurir et des antagonistes, devenus antagonistes par choix. Par exemple, un antagoniste ayant le choix de la guérison ou celui de la cristallisation de sa souffrance, et qui choisit sciemment la cristallisation. Et cela à la place d’un antagoniste qui serait le fruit d’une destruction irrémédiable et donc « subirait » son cheminement au lieu d’en être acteur.

Angel of Light
Image par Enrique Meseguer de Pixabay

J’ai aussi décidé de travailler des sous-thèmes récurrents tels que la rédemption, la gratitude, le pardon, la confiance et l’authenticité. Ces sous-thèmes sont l’occasion de dialogues permanents entre les polarités qui s’affrontent, se rencontrent, se dépassent.

Mon premier challenge en cours de résolution, j’en ai rencontré un autre de belle taille, celui de la forme et de l’habillage. Ce second challenge m’a demandé de remettre mon ouvrage mille fois sur l’établi : je savais ce que je voulais raconter, mais je n’avais pas encore la « manière » de le faire. J’employais un ton trop « sérieux », parfois « ronflant », parfois « didactique », souvent « ennuyeux ». Or, un texte à sec, un essai philosophique aux phrases à rallonge, ce n’est pas une histoire qui fonctionne, qui entraîne, qui invite à la rêverie, à la plongée dans les eaux miroitantes du conte.

Il faut apprendre à vêtir son histoire d’un costume sur mesure.

Tricote, détricote, emberlitricote et radote
Image par Annalise Batista de Pixabay

J’ai donc développé mes talents de couturière (et il y en avait grand besoin). Voici quelques exemples des outils contenus dans ma boite à mots et qui me sont désormais indispensables lorsque je raconte :

Détricoter le langage. Pour moi qui n’aurait (au grand jamais !) oublié une négation à l’écrit, utilisé un terme un peu vulgaire, ce fut une révolution de sortir des règles et du grammaticalement correct (ou élégant) pour apprendre à jouer avec les mots. Apprendre comment oraliser, décoincer, adapter la langue française afin de concocter la redingote stylistique qui vêtirait au mieux chaque histoire.

Faire glousser son lecteur et sourire sa lectrice. J’ai également appris à quel point la légèreté de ton, l’humour ou la gouaille, viennent apporter de la fraicheur à des thématiques éléphantesques par nature. Rien de plus désaltérant que de glousser d’une cocasserie et de s’émouvoir en souriant. Un filon de poésie ou de douce nostalgie est parfois tout aussi pertinent. Chaque histoire possède l’habit qui lui sied le mieux et c’est à l’autrice et à l’auteur de le découvrir, puis de le coudre de mots.

Tremper son histoire dans « Le Lac des Merveilles ». Enfin, l’introduction d’éléments merveilleux (qu’on parle ici d’objets, de personnages, de décors, de traditions, de détails ou de comportements épiques et fabuleux) enchante et transmute le récit. Baigner son histoire dans le « Lac des Merveilles », c’est permettre à sa lectrice, à son lecteur, d’en intégrer les thématiques par le biais d’un filtre universel, celui du rêve intuitif, de l’impossible rendu possible et des portes perpétuellement ouvertes.

Tremper son univers dans le « Lac des Merveilles »
Image par Gerd Altmann de Pixabay

C’est parce qu’elles ont pris racine au fin fond du « Lac des Merveilles » que j’aime autant les littératures de l’imaginaire. Bien loin d’être le bastion réservé de l’enfance, ces littératures nous reconnectent à notre part la plus intuitive, la plus créative – une force du vivant infiniment précieuse.

Nous voilà rendus au bout de ce loooong article… Au final, après avoir mâchouillé ces « Trois Interrogations », une seule chose me parait certaine : les explorations littéraires ne font que commencer !

Tendre visiteur, incandescente visiteuse, éternelle pousse de séquoia, je te souhaite le plaisir de milliers d’histoires rassemblées en une seule page et de toujours voguer sur le fleuve d’or qui traverse les pages de tant de livres.

Lumière sur ta journée,

Siècle

Tricoter des histoires, oui mais lesquelles ?

Cher visiteur, noble visiteuse, amicale pousse de séquoia, bien le bonjour,

As-tu goûté aux rayons d’or capturés par les branches des arbres et aux cieux striés de ce mois de février ? Je l’espère de tout cœur (et si point du tout, il est encore temps…)

Je poursuis aujourd’hui ma réflexion (et ce post constitue la deuxième partie d’un article en trois temps) autour de la thématique suivante : Quelles histoires raconter ? Quelles thématiques exploiter, entrefiler, insuffler dans nos récits ? Pour qui écrivons-nous et pour semer quoi ?

Pour semer des licornes, évidemment.
Image par chiplanay de Pixabay

Dans l’article précédent, je m’étais demandée pour qui j’écrivais en priorité, pour moi seule ou dans une optique de transmission ? Et j’en avais conclu que ce qui m’intéressait en premier lieu (sans exclure pour autant le processus personnel de transformation que représente l’écriture, mais cela pourrait constituer un article en soi^^) c’était ce média formidable de communication, de partage de réflexions costumées en personnages, que sont les histoires.

Et me voilà face à ma « Seconde Interrogation » – Quelles sont les énergies, les thématiques et les personnages que je souhaite mettre en scène dans mes histoires ? Et pourquoi ?

Avant toute chose, je constate une concomitance indéniable entre mon évolution personnelle et les thématiques qu’il me tient désormais à cœur de développer dans mes écrits. Ce que j’ai appris, les expérimentations et les chutes (aïe, aïe, aïe), les rencontres, les lectures, l’art sous ses multiples formes, et plus que tout l’expérience quotidienne de la vie dans toute sa bariolitude froufroutante (quand on sait écarter les pans du décor en carton-pâte pour regarder ce qui se passe derrière °_°) ont été des enseignements précieux.

Bariolitude froufroutante personnifiée
Image par Peter Kraayvanger de Pixabay

Il y a des taaaaaaaaas de choses que j’ai envie de raconter, mais je vais ici m’arrêter sur trois de mes thématiques favorites, thématiques intuitives majeures qui reviennent se glisser ouvertement (et subrepticement, les coquines) dans chacune de mes histoires.

Ces thématiques se fondent sur le constat suivant : nous naissons et grandissons dans des conditions de vie inégales, et plus ou moins faciles. Nous « héritons » de mémoires familiales, sociales, cellulaires. Nous expérimentons, nous souffrons, nous aimons. La souffrance de l’autre (quelle que soit sa cause) est inquantifiable pour celui ou celle qui n’a pas revêtu sa peau – or, personne ne peut vêtir la peau d’un autre dans tout ce qu’il ou elle possède d’extraordinairement singulier et d’unique. La diversité des richesses, des ressentis, de leurs nuances est infinie, tout comme la diversité des souffrances causées par la séparation, l’ostracisation, et les blessures intrinsèques à la vie sur Terre.

La vie sur Terre
Image par stokpic de Pixabay

Nous possédons, cependant, ce truc génial nommé « empathie » et qui nous permet, au travers de notre propre expérience, de « toucher » quelque chose de l’expérience de l’autre. Car si les expériences sont singulières, les courants d’émotion, de pensées et d’énergie qui les imprègnent pourraient bien être universels.

L’une de ces expériences, singulière et pourtant universelle, est celle de la transfiguration. J’entends par là notre capacité d’exploration, de transmutation, et d’autoréalisation de qui nous sommes, ou de qui nous voulons être.

Cela, je crois, constitue le cœur de « ce qui me tient à cœur » et c’est la première des thématiques que je mets en scène dans toutes mes histoires. Je suis fascinée par les personnages, leurs potentialités multiples et leurs cheminements d’évolution : comment ils ou elles passent d’un point C à un point O. Comment l’on peut se retrouver cerné par ses peurs, ses héritages, un environnement extrêmement contraignant… et trouver néanmoins des possibilités d’évolution. Comment une personne se sculpte elle-même, s’épure de tout ce qui n’est pas elle pour retourner à son essence véritable. Comment elle peut choisir délibérément de quels ingrédients sera constituée sa personnalité à venir.

Je suis ici de parti pris : le parti d’un choix qui demeure, de cette souveraineté toujours présente en nous, celle de bâtir notre royaume intérieur, en dépit des circonstances extérieures (celles du monde ou celles plus pernicieuses encore de nos propres fantômes). J’introduis partout cette capacité de « choisir », voire même « de se choisir » (qui ouvre les portes de l’horizon des possibles), tant elle me parait essentielle.

Transform yourself
Image par John Hain de Pixabay

La deuxième thématique que je désire explorer dans mes histoires est celle du rayonnement.

(Bien entendu, ces thématiques sont organiquement liées les unes aux autres et se répondent, ce qui est plutôt attendu^^).

Par rayonnement, j’entends l’impact que peut avoir une seule personne à travers sa personnalité, son expérience, ses convictions. Mais davantage encore, au travers de son exemple. Plus que toutes les paroles que l’on prononce, je crois que c’est la manière dont une personne agit, incarne ce qu’elle prône, qui irrigue et abreuve celles et ceux qui gravitent autour d’elle. L’une des propriétés magiques du rayonnement, c’est son caractère exponentiel, sa tendance à se propager, un peu comme des dominos qui, clac, clac, clac, clac, clac, sont impactés et impactent à leur tour leurs voisins.

Chaque individu rayonne, dans un cercle plus ou moins grand, plus ou moins fort selon les périodes de son existence, mais chacun et chacune influence le cercle direct et indirect avec lequel elle ou il entre en contact. Grands transmetteurs que nous sommes, nous relayons nos peurs et nos lumières, nos ombres et nos querelles, nous relayons tout ce qui nous traverse… Je trouve ce « rayonnement » de chaque être fascinant, d’autant qu’il nous ramène, encore une fois, à la question du choix ­– quelles informations, énergies, modes de vie voulons-nous incarner, relayer, rayonner ? Tout un programme !

Nous sommes des petits soleils
Image par Clker-Free-Vector-Images de Pixabay

La troisième thématique que je souhaite tricoter dans mes récits, c’est ce jeu des polarités que l’on observe partout (mouvement/néant, amour/peur, esprit/matière, unité/séparation, masculin/féminin) et la possibilité d’une troisième voie, celle des ponts qui relient les mondes, des camps qui dialoguent, des affrontements métamorphosés en danse, une danse qui sait écouter et s’accorder au mouvement subtil de l’autre. Passionnante thématique qu’on pourrait grignoter dans tous les sens, il en resterait au moins pour soixante-trois siècles et demi !

Il ne t’aura pas échappé, bondissant visiteur, tournoyante visiteuse, courageuse pousse de séquoia, que j’envisage de développer ces trois thématiques sous un angle résolument positif, où l’on progresse de l’ombre vers la lumière, de la peur vers l’ouverture et de l’emprisonnement vers la libération. Là aussi, c’est un parti pris sur ce que « j’ai envie de transmettre » : des messages d’espérance, de confiance et de lumière, de transmutation, de guérison et de libération.

La guérison du coeur
Image par Comfreak de Pixabay

Et c’est là qu’une « Troisième Interrogation » est venue me chatouiller les oreilles : j’ai constaté que je ne prenais pas toujours le chemin permettant de tricoter les thématiques qui me tenaient à cœur sous un angle positif. C’est pourquoi, j’ai voulu transformer (et c’est une démarche toujours en cours) ma manière de concevoir et de travailler mes textes afin qu’ils s’harmonisent avec ma démarche personnelle et mes lunettes en forme de cœur. Et ce sera l’objet de la troisième partie de ce looooong article, à venir très bientôt !

D’ici là, je dépose sur l’autel de nos muses une brassée de feuilles de platanes, un nectar de ciel bleu, et la vivifiante caresse de la bise hivernale !

Lumière sur ta journée,

Siècle

Tricoter des histoires, oui mais pour qui ?

Chère visiteuse, noble visiteur, jeune pousse de séquoia,

J’espère que tu esquisses un pas de danse sous la chaleureuse lumière d’hiver que j’aime tant, celle qui chatouille et nimbe d’or les branches dénudées des arbres.

J’inaugure, aujourd’hui, une série d’articles (ou un article un peu long en trois parties), que je posterai courant février autour de la question suivante : Quelles histoires raconter ? Quelles thématiques exploiter, entrefiler, insuffler dans nos récits ? Pour qui écrivons-nous et pour semer quoi ?

Tricoter des histoires, c’est comme tricoter des papillons
Image par cocoparisienne de Pixabay

Lorsque j’ai rafraichi la mouture de ce site web, au printemps dernier, Florieteller (artiste et écrivaine délicieusement optimiste) m’a prêté son œil d’experte en communication. Elle m’a ainsi suggéré d’ajouter un encart sur le « genre d’histoires que j’écrivais » – encart que j’ai depuis concocté ici : Siècle, qu’écris-tu ?

Cette suggestion pertinente m’a ramenée, zou, tout droit à ce vaste questionnement que je partage avec bien d’autres de mes condisciples : « Au fond, qu’est-ce que je veux écrire ? » C’est ce questionnement (évidemment subjectif et teinté de mon expérience personnelle) que j’ai décidé d’éplucher plus en détail dans cet article.

« The Darling Project » – une création inconsciente ?

On pourrait (à première vue) se dire qu’on écrit l’histoire qui se présente à nous sans remettre en cause les archétypes, les thématiques, les messages qu’elle charrie dans son sillage… et je crois que c’est particulièrement vrai (ce le fut en tout cas pour moi) lorsque « The Darling Project » (la première grande histoire) frappe à notre porte, lorsque l’on noue avec cette inconnue si familière une relation (que dis-je, une alliance !) aussi passionnée qu’aveuglante.

(Salutations « Darling Project », puisses-tu encore roupiller quelques années au fond du tiroir pour te défaire de tes anciennes scories. Ensuite, on pourra reparler.)

« The Darling Project » – cette vieille histoire qui nous hante
Image par Michal Jarmoluk de Pixabay

« The Darling Project » recèle… tout. Tout ce qui nous habite, ce que nous avons vécu jusque-là, ce qui nous semble important. Les premiers personnages, intrigues et décors qui apparaissent sous notre plume s’imprègnent de nos croyances (conscientes ou inconscientes), de notre éducation, de nos stéréotypes, des éléments culturels, artistiques, sociaux qui nous ont marqués et qui rejaillissent, pêle-mêle, sous leur forme brute au cours de l’écriture.

Puis déraboulent les retours critiques des bêta-lectrices et des bêta-lecteurs (ces créatures géniales dont je chante les louanges sur le blog en anglais), suivis de multiples phases de correction, ou de réécritures, et puis… et puis on apprend à décortiquer, à prendre du recul, à analyser, et on en vient à questionner les thématiques portées par son histoire… et de manière élargie, les thématiques des histoires que l’on écrit ou que l’on souhaite écrire.

Arrivée à ce moment précis, j’ai constaté chez moi une ambivalence sur ces questions. Trois interrogations successives ont émergé de ma tambouille réflexive.

« Première Interrogation » – J’écris. Soit. Mais pour qui et pour quoi ?

Est-ce que j’écris pour me comprendre moi-même, ou pour communiquer avec d’autres ? L’écriture est-elle un procédé d’autoréflexion (une forme d’expression de soi à portée thérapeutique, une exploration des thématiques qui nous fascinent, une projection de son inconscient) ? Ou bien suis-je le créateur, la créatrice, d’une tapisserie à l’intention d’autrui, tapisserie dans laquelle je tisse ce que je veux communiquer ? Et faut-il « choisir » ? L’écriture ne peut-elle pas remplir ces deux objectifs en même temps ?

(NB : quand je parle ici de « choisir », je ne pense pas à un choix intellectuel, imposé par la rationalité, mais au discernement de notre volonté profonde qui se noie parfois sous les couches du « devoir ou de la « croyance ». On pourrait plus justement utiliser le terme « ressentir »)

Choisis, Siècle !
Image par Oberholster Venita de Pixabay

J’imagine que la réponse varie selon les auteurs et les autrices. En ce qui me concerne, j’ai eu l’impression d’arriver à un embranchement net : il me fallait « choisir/ressentir » (non pas tout l’un ou tout l’autre), mais quel embranchement prioriser, qu’est-ce que je voulais d’abord accomplir avec mes histoires. Si l’écriture était un jeu de miroirs dans lequel je jouais à cache-cache avec moi-même, alors l’intuition était reine, l’inconscient roi, pour le meilleur et pour le pire : tout était possible et bienvenu puisque j’explorais un royaume sans invités, celui de mes multiples reflets.

Mais voilà, mon envie première/mon choix intuitif profond était de communiquer (ce qui n’empêche en rien le dialogue avec soi-même au travers de l’écriture, bien au contraire) : j’écris des histoires… parce que je veux partager des idées, des cheminements de personnages, des perspectives spécifiques avec mon lecteur et ma lectrice. Je veux évoquer certaines énergies, des paires de lunettes multicolores, des possibilités congrues et incongrues.

La porte des possibles
Image par Schmidsi de Pixabay

A contrario, il y a des idées ou des ambiances que je ne souhaite pas aborder. Il y a des personnages que je porte en moi (ou que je rencontre dans d’autres histoires) qui me touchent et que j’affectionne, mais le message qu’ils délivrent n’est pas celui dont je veux parler ou dont je souhaite que mes personnages se fassent les « porte-paroles »

Ce qui m’amène à la seconde part de ma réflexion. Quelles sont les énergies, les thématiques et les personnages que je souhaite mettre en scène dans mes histoires ? Et pourquoi ? Ce sera le sujet de la deuxième partie de cet article, à venir bientôt sur le blog.

D’ici là, chatoyante visiteuse, scintillant visiteur, je te souhaite une dégustation sans modération de ces délicieuses minutes hivernales.

Lumière sur ta journée,

Siècle

Chaque année, des histoires pour le petit-déjeuner…

Deuxième jour de l’année 2020 – belle année à vous, enfants des étoiles, jeunes pousses de séquoia, visiteurs et visiteuses d’autres sphères, puissiez-vous cultiver la sérénité, la joie et le sens de l’émerveillement dans le jardin des lumières !

J’avais bien envie d’entamer l’année 2020 sous le signe de l’imaginaire avec un article tout frais (et un poil de ménage) sur Heart Shaped Glasses Theory.

La fin d’année fut productive au niveau de l’écriture puisque j’ai posé le dernier point du premier jet du (on s’accroche…^^) troisième tome de la trilogie de Nomorgames ! Un gros objectif personnel que je savoure pleinement. Je peaufinerai encore la trilogie en coulisses début 2020 au côté de ma merveilleuse agente, avant d’enchaîner sur les corrections de Plein-Ciel.

En attendant, et c’est le sujet de ce post de blog, 2019 fut pour moi une réussite sur un point crucial, celui de la lecture : j’ai enfin repris un rythme de lecture régulier (après une moisson livresque quelque peu erratique, les années précédentes). Au bilan 2019, j’ai lu 35 livres publiés (en dehors des romans en cours d’écriture des copains, des bêta-lectures de manuscrits, etc…) Une reprise honorable, bien que persévérance demeure le maître mot – j’aimerais atteindre (voire dépasser) la quarantaine en 2020.

Beaucoup d’ouvrages d’Imaginaire (français !) au menu de 2019, et c’était bien chouette même si j’ambitionne de diversifier davantage le panel de lecture en 2020. ^^ Mais voici, sans attendre (et dans le désordre), dix belles histoires dans lesquelles je me suis plongée, cette année :

Les larmes de Yāda, de Lilie Bagage

Un roman très original, et d’une grande poésie intérieure. Les deux narrateurs septuagénaires nous embarquent à leur suite avec une fraîcheur teintée de mélancolie : entre la drogue qui ravive la flamme étincelante du passé et un présent empreint d’embûches, ils vont devoir choisir. Lilie Bagage nous dépeint avec une grande finesse humaine les enjeux de la vieillesse, de la solitude et du poids de la mémoire, dans un décor à la fois futuriste et bariolé de pigments et des parfums de l’Inde.

La Lune est à nous, de Cindy Van Wilder

Roman contemporain qui claque, avec un rythme de narration vif et vibrant, La lune est à nous adopte le point de vue de deux adolescents qui sont gros et vont revendiquer leurs différences et leur légitimité à vivre, à être vus, à aimer. Mention spéciale pour l’excellent traitement des réseaux sociaux et de leur influence lors la construction identitaire et sur l’estime de soi. Des thématiques douloureuses mais bercées par un vent frais et positif, un hymne à l’amitié et à la solidarité communautaire.

Les sentiers des Astres (Manesh, Shakti et Meijo), de Stefan Platteau

Belle découverte que les trois premiers tomes de cette série (toujours en cours d’écriture…) de Stefan Platteau. Un style époustouflant, une mythologie nordique, aussi merveilleuse qu’inquiétante, revisitée par l’auteur avec grand talent, qui nous invite à accompagner ses personnages hauts en couleur sur les mystérieux sentiers des Astres.

Un si petit oiseau, de Marie Pavlenko

Petit bijou de sensibilité, Un si petit oiseau est un roman contemporain dans lequel une jeune femme (après un accident tragique) doit trouver le courage de renouer avec la vie. C’est un roman qui nous parle de reconstruction de soi et de la possibilité (réelle mais ô combien difficile) de réapprivoiser un corps différent. Grand coup de coeur pour les personnages secondaires de ce roman (les parents, la tante, la soeur…) peints avec une humanité et une justesse bouleversante.

Les Seigneurs de Bohen, d’Estelle Faye

Un très beau roman d’Estelle Faye, presque une épopée à bord d’un navire sur le point de sombrer, une toile jonchée de personnages, d’esclaves qui forgent leur liberté et de souverains prisonniers de leurs trônes. Les destins s’entrecroisent dans un monde teinté de danger et d’onirisme, de magiciennes, de vouivres et de métamorphes. On y retrouve le goût de la magie druidique et les rêves venus d’orient qui s’entremêlent harmonieusement sous une plume poétique et romanesque.

La trilogie Apocalypse blues, de Jo Bertrand

Grande claque que cette trilogie post-apocalyptique de Jo Bertand. On y suit plusieurs adolescents pris dans un faisceau de catastrophes climatiques qui rebalayent la face de notre monde. La narration directe, à vif, menée à tambour battant par les multiples narrateurs de cette histoire, n’épargne rien au lecteur qui se retrouve happé au côté de ces personnages plus réels que nature. Amitié, amour, violence, souffrance, transmutations profondes sous le ciel somptueux qui demeure encore. Apocalypse Blues, au fond, c’est une histoire de fratrie et de communauté, de survie, et de la quête de sens devenue vitale alors que tous les repères volent en éclats.

Maïté Coiffure, de Marie-Aude Murail

Grande lectrice de Marie-Aude Murail, je découvre, de temps à autre, quelques unes de ses histoires que je n’ai pas encore eu la joie de lire. Ce fut le cas, cette année, de Maïté Coiffure. On y retrouve cet humour délicieux de l’autrice, qui nimbe (avec légèreté) des situations humaines profondes et souvent très actuelles. On suit ici le parcours d’un adolescent, au premier abord replié sur lui-même, qui se découvre une passion pour la coiffure. En débarquant dans le microcosme délicieux de ce petit salon de coiffure pour y effectuer son stage de troisième, notre narrateur va s’ouvrir les portes d’un avenir insoupçonné.

Le Cirque interdit, de Célia Flaux

Ah… le Cirque interdit, de Célia Flaux, un roman que j’ai eu beaucoup de plaisir à relire. J’avais eu le privilège d’en bêta-lire une version précédente, il y a déjà quelques temps, et j’ai retrouvé avec joie ce monde du cirque et de la créativité artistique, un monde en péril face à une société où la gestion du risque (personnifiée par les Assurances) est désormais omniprésente. L’autrice nous dépeint la magie du cirque (celle des acrobates et des spots étincelants qui font rêver les spectateurs), mais aussi celle, plus intérieure, d’une poursuite du merveilleux qui refuse les cages et doit alors prendre le risque… de la vie.

Enfants de la terre et du ciel, de Guy Gavriel Kay

Guy Gavriel Kay est l’un de mes auteurs préférés, et c’est toujours un plaisir de découvrir l’une de ses histoires. Enfants de la terre et du ciel ne fait pas exception à la règle. Une fresque à plusieurs voix dans un monde de fantasy historique, comme toujours admirablement conçu et porté par un style poétique bluffant. Guy Gavriel Kay manie l’émotion à la pointe du pinceau (ou du stylet) d’une manière tout à fait unique et que l’on retrouve dans ses différents ouvrages : Tigane, La Mosaïque de Sarance, Les lions d’Al-Rassan, Le Dernier Rayon du soleil, Les chevaux célestes… autant d’histoires enchanteresses que je recommande à tout chercheur en quête d’émerveillement.

Ce caillou dans ma chaussure, de Silène Edgar

Ce petit dernier est arrivé par surprise et j’ai été bien émue par cette plongée intimiste dans le quotidien d’un professeur de collège qui accompagne l’intégration d’un jeune élève réfugié durant quelques mois. Ce roman a des allures de confession sous forme de fragments de journal de bord. D’une authenticité crue, il nous relate les questionnements traversés par notre narrateur, son impuissance face aux contraintes du système, la peur et la beauté face à l’inconnu, à l’autre et à l’autre culture, l’envie de faire plus et le besoin, puissant, de témoigner. Silène Edgar m’a attrapée avec son caillou, et j’en suis bienheureuse.

Et pour rester en compagnie de Silène un peu plus longtemps, n’hésitez pas à faire un tour sur cet article où elle vous parle de ses lectures 2019, c’est passionnant et j’y ai pioché des titres pour mon agenda de lecture 2020 !

Pour conclure ce post de blog, voici une liste de dix histoires que j’aimerais découvrir en 2020 :

★ – Kalpa Impérial d’Angélica Gorodischer qui m’a été vivement recommandé par ma chère Anouck Faure.

★ – Les Sept nuits de la reine et Derniers Fragments d’un long voyage de Christiane Singer (beaucoup d’enseignements lumineux en perspective).

★ – La trilogie Voyager de Stéphane Desienne. Cela fait longtemps que je souhaite lire cet auteur, et le post enthousiaste (clic-clic) d’une chenillette chère à mon coeur m’a convaincue de commencer par cette histoire-ci.

★ – Le fameux Sorcières de Mona Chollet dont j’ai notamment (mais pas que^^) entendu parler par l’inégalable Cindy Van Wilder.

★ – La Chasse fantôme d’Hermine Lefebvre (à paraître en mars 2020 chez Scrinéo), une autrice dont je suis les histoires en coulisses sur CoCyclics depuis des années et dont je me réjouis de découvrir le premier roman publié !

★ – Comme un million de papillons noirs, un album de Laura Nsafou (aussi connue sous le pseudonyme de Mrs Roots), autrice engagée dans la pluralité des littératures africaines et l’afrofémininisme en France, illustré par Barbara Brun.

★ – L’homme qui savait la langue des serpents d’Andrus Kivirähk, un roman qui m’a été chaudement conseillé par un certain Grand Piou.

★ – Face au dragon d’Isabelle Bauthian. Celui-là, je me le suis recommandée toute seule, après avoir lu pour la première fois cette autrice, en 2019, avec le roman Grish-Mère, une lecture qui m’a donné l’envie d’y revenir.

★ – Un peu de nuit en plein jour d’Erik L’Homme. J’aime beaucoup cet auteur et j’ai lu de nombreux retours de lecteurs et de lectrices sur ce nouveau roman, que je suis très curieuse de lire à mon tour.

★ – J’aimerais découvrir l’auteur, Jean-Laurent Del Socorro, en lisant Royaume de vent et de colères, ou Boudicca (ou peut-être les deux^^)

Je m’arrête là, même si j’ai d’autre romans sur la wish-list de 2020… et que je prends des notes si je croise des yeux papillonnants et des voix émues me dire : là, celui-ci, quand je l’ai lu, il m’a chaviré le coeur !

Sur ces belles paroles, je vous souhaite une… Happy New Year (avec tout plein de lunettes en forme de coeur) !

L’écrivain, cet iceberg en perpétuelle expansion

Bien le bonjour papillonnante visiteuse, visiteur bondissant, toi qui passe en ces lieux !

Si tu écris régulièrement, passionnément, avec l’objectif de terminer tes histoires, de les faire lire et qu’il te semble très compliqué d’expliquer ce que tu fais vraiment à ton entourage, cet article est pour toi.

Si tu n’écris pas mais fréquente dans ton environnement plus ou moins direct une ou plusieurs de ces étranges (mais délicieuses) créatures qui se targuent d’écrire un roman-jusqu’au-bout, voire de le faire publier, cet article est aussi pour toi.

Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, je décortique ce qui se passe dans la marmite de l’écriture…

Cela fait huit années (°__°) que j’écris, que je raconte des histoires que j’espère achever, améliorer, partager et un jour publier. Mais le processus d’écriture est un processus lent qui fourmille d’étapes, de questionnements et d’apprentissages. A qui n’écrit pas, ce processus peut souvent paraître nébuleux (et très, très, très long). Ainsi, lorsque j’ai commencé à écrire… bon, à dire vrai, au début je n’osais pas trop dire que j’écrivais sérieusement à voix haute.

Reprenons donc : lorsque j’ai commencé à dire que j’écrivais avec l’idée d’être un jour publiée, que c’était du sérieux, que c’était un métier, mon entourage m’a demandé : « Ah oui, tu écris ? Tu écris quoi ? Super, quand pourra-t-on te lire ? » Ce à quoi j’ai répondu : « Pas tout de suite, je dois apprendre, c’est du boulot long terme ! »

L’année d’après, puis la suivante, mon entourage attentionné s’est enquis de mes progrès : « Alors, Siècle, tu en es où, ça avance l’écriture ? » Et moi, enthousiaste et sincère : « Ca avance, très cher, ça avance joliment même, belle amie. » Une autre année passe et la question revient en boucle : « Et quand peut-on espérer te lire ? » Moi : « Aucune idée, mais ça avance vraiment méga-top bien. J’adore ce que je fais, même si c’est beaucoup de boulot : il faut être patient ».

Deux années plus tard, mon entourage un peu blasé vérifie : « Tu écris toujours ? (Sérieux, tu n’as pas lâché l’affaire pour planter des salades? °_°) » Puis très très gentiment : « tu crois vraiment que tu seras publiée un jour ? ». Et moi, innocente pâquerette au milieu du désert : « Oui, oui, ça avance, les amis, ça avance (et je plante aussi des salades, l’un n’empêche pas l’autre. ) »

Fait véridique et vérifié : les salades poussent plus vite que les livres – Source

Et… roulement de tambour : oui, ça avance, vraiment ! Mais le processus de l’écrivain qui s’engage sur la route des histoires passe par une plus ou moins longue période d’apprentissage de son métier. Cet apprentissage, laboratoire d’expériences littéraires, de décortication minutieuse des textes, précède souvent la première publication. On continue bien évidemment d’apprendre et de développer son processus d’écriture par la suite, mais cette première publication correspond à ce que j’appelle « la sortie des flots » : le passage d’une frontière impalpable mais très visible.

L’écrivain pourrait être en quelque sorte perçu comme un iceberg en perpétuelle expansion. Il se passe énormément de choses sous les flots du bouillonnement créatif avant que la pointe de l’iceberg (comprendre ici : l’histoire achevée et publiée) n’apparaisse à la surface du monde.

Parce que ça m’amuse carrément et parce qu’un petit dessin vaut mieux qu’un trop long discours ou une liste à rallonge, je vous ai gribouillé un croquis.

Iceberg – THE croquis du Siècle

Je précise que mon terrain d’observation favori accueille des centaines d’autrices et d’auteurs en apprentissage et à différents stades de construction de leur iceberg. J’ai vu de nombreuses flèches de glace percer la surface des flots au fil des années. De formidables conteurs dont je raffole sont encore sous la surface et quasiment tous et toutes (visibles ou invisibles) sont et demeurent en perpétuelle expansion.

L’écrivain, cet iceberg en perpétuelle expansion

Disclaimer 1 : Ce n’est pas mon processus spécifique mais plutôt une synthèse d’expériences que je décris ici, même si j’ai trempé les orteils dans plusieurs des cases évoquées.

Diclaimer 2 : Tous les écrivains ne vivent pas leur création en mode « génial, je suis un iceberg en perpétuelle expansion ! » mais je pense que pas mal d’entre eux se reconnaitront dans cette métaphore. Pareillement, les étapes représentées sous la surface des flots ne les concernent pas tous et toutes, et il y a des tas d’étapes supplémentaires/alternatives que je n’ai pas citées.

Disclaimer 3 : Le temps passé sous la surface des eaux ne garantit pas la qualité du résultat final. Je connais des autrices hyper rapides qui n’ont passé que deux ou trois années sous la surface des eaux avant (plop) d’en sortir le bout du nez. Beaucoup d’autres y passent cinq ou six années, voire neuf ou dix années (hum, coucou la surface, on se rapproche…) Et parfois, quinze à vingt années s’avèrent nécessaires à un auteur pour cheminer toutes les étapes de sa création immergée.

Globalement, il faut garder en tête qu’à moins d’être un génie littéraire sorti tout droit de l’œuf le plus adorable de la création (ça arrive, mais ce n’est pas la règle), les premiers écrits sont… enthousiastes et bourrés d’erreurs de débutant. Ecrire, on ne le dira jamais assez, ça s’apprend. Et donc l’écrivain qui s’accroche et veut VRAIMENT écrire va consacrer beaucoup de son temps à un ensemble d’étapes qui prendront chacune entre plusieurs mois et plusieurs années. Certaines de ces étapes seront répétées à plusieurs reprises et dans le désordre (nous n’apprenons pas tous et toutes de la même manière et ne possédons pas non plus les mêmes Némésis de l’écriture).

Dans tous les cas : patience, confiance, persévérance et détermination demeurent les maîtres mots !

Noble visiteuse, froufroutant visiteur, jeune pousse de séquoia, je te salue bien bas et te souhaite de t’amuser autant que moi sur le chemin de l’écriture (et de ne pas t’y astreindre en solitaire). C’est tellement plus exaltant d’embarquer sur un navire de fous des lettres plutôt que de prendre sa barque et ses rames trop lourdes vers l’infini et au-delà.

Sarabande de lumière sur ta plume et mes hommages au cortège de nos Muses qui le méritent bien !

Siècle

Le miracle de la lecture

Salutations honorifiques, jeune pousse de séquoia !

Le mois dernier, j’ai eu le plaisir de me rendre à l’inégalable festival des Imaginales d’Epinal. Festival des littératures de l’Imaginaire où se côtoient auteurs, autrices, éditeurs, éditrices, lecteurs et lectrices dans une ambiance festive et passionnée d’une grande bienveillance. Conférences, stands d’artisanat, bulle du jeu, oeuvres d’art, body-painting sévissent également sur les rives de la Moselle le temps d’une parenthèse enchantée.

Les Imaginales 2019, sur les rives de la Moselle

Comme toujours, ces quatre journées se sont enfuies trop vite. Ma Corneille perchée sur l’épaule, j’y ai vécu d’innombrables aventures en compagnie d’une louve sauvage cavalant au milieu des bois, d’une Chevalière à la Myrtille qui avait délaissé son bazooka pour une gaufre au sucre et d’un elfe ultra-instinctif et quelque peu meurtrier. J’ai (as always) sauté au cou de The Dearest Of Them All, surfé les courants de l’Univers aux côtés d’Amzil-à-la-voix-d’or et retrouvé pour mon plus grand bonheur l’Archétype de la Reine des coeurs (toujours aussi délicieuse), Elikya-Merveilleuse de la Maison du trèfle et une certaine Dame de pique au pinceau étoilé. Les compagnons d’écriture sont si nombreux à sévir sur ce festival qu’il est impossible de tous et toutes les citer – mais ils étaient là, enthousiastes et merveilleux !

Un plaisir n’arrivant jamais seul, durant ce festival j’ai eu la chance de participer à une initiation nocturne au jeu de rôle masterisée par le talentueux Steph. J’ai également assisté à la fondation du très select (and infamous) club des quatre Dark B. And last but not least, j’ai reçu en main propre le tout premier fan-art de Plein-Ciel réalisé par mon alpha-lectrice, Sphinx, Maîtresse-Jouet des chenilles cosmiques, qui m’a bluffée par sa maîtrise des aiguilles à tricoter. J’en suis toute enchenillée d’émotion.

Ivoire made in l’Atelier de la Pelote Stellaire

Mais le coeur des Imaginales d’Epinal (et le sujet de ce post), c’est le L.I.V.R.E et les milliers d’histoires qui naissent sur le papier ou en numérique. L’année 2019 s’annonce magique pour moi car j’ai enfin (roulement de tambour !) recommencé à lire. Eh oui… Dans le passé, j’ai toujours beaucoup lu et de tout jusqu’au jour où je me suis mise à sérieusement écrire et à (tout aussi sérieusement) bêta-lire (c’est-à-dire décortiquer et critiquer de manière constructive et positive les textes d’autres écrivains) sur un forum cher à mon coeur.

Effet inattendu (et je ne crois pas partagé par la plupart de mes camarades autrices et auteurs, mais peut-être que je me trompe^^) : au moment où je me suis mise à bidouiller mes propres histoires et à relire les manuscrits en cours de mâchouillage des amis, j’ai (presque) cessé de lire pendant quasiment… six années ! Des romans que j’aurais dévoré dans d’autres circonstances me tombaient des mains, je ne pouvais pas lire plus de quelques pages à la suite (alors que j’engloutissais, facile, un roman en une soirée dans mes folles années sans écriture) !

Mais pourquooooiiiiii ? – Source

Pourquoi était-ce problématique ? Déjà, réponse facile, parce que j’adorais m’immerger dans les univers et les histoires, classiques ou de genre, qu’importe, toutes les histoires ! Ils s’agissait d’une étape nécessaire dans mon quotidien. Ensuite, réponse dramatique, parce que j’écrivais, justement, et qu’il est essentiel (de mon point de vue) pour tout écrivain en herbe qui cherche à améliorer sa plume et ses histoires de se nourrir de littérature, de voix narratives aussi diverses que possible, des chemins empruntés par tant d’autres avant lui ou elle pour conter ses idées et ses personnages.

Je ne sais toujours pas bien aujourd’hui ce qui a causé cette interruption brutale de lecture (livres, je vous aime, si si !) Je suppute une période intensive d’apprentissage et de traficotage des mots qui prenait tout le créneau temporel et intérieur que j’aurais jadis consacré à la lecture. Additionné à cela, l’effet « Bêta-lecture automatique » qui s’enclenchait dès que j’entamais un nouveau roman.

Depuis l’année 2018, ces effets indésirables se sont estompés progressivement tandis que l’écriture, elle, ne cessait de poursuivre son chemin. Et 2019 joliment grignotée, je relis/revis, merci cher Univers ! J’en veux pour preuve les folies faites aux Imaginales et que je contemple avec un sourire de chaton gourmand…

Ah, des livres, encore plus de livres, des piles à lire jusqu’au ciel !

Taïaut !!!

Butin des Imaginales 2019 !

Plume neuve et renouveau printanier

Bonjour bonjour, visiteuse de longue haleine, visiteur fraîchement émoulu, jeune pousse de séquoia, les derniers jours du printemps sont arrivés !

Après de longs mois d’hibernation, Heart Shaped Glasses Theory renaît de ses cendres, comme tout bon phénix qui se respecte. J’ai profité de ce printemps 2019 pour épousseter, restructurer, simplifier ce site dont voici la nouvelle version.

Pourquoi ce nouveau plumage, Siècle ? Parce que la version précédente/2017 du site était trop lourde à entretenir pour moi, d’une part, et qu’elle manquait de transparence, de l’autre – c’est-à-dire que mon choix de contenu pouvait se montrer très/trop/un peu beaucoup elliptique. Or, le but d’un site tel que celui-ci c’est, à minima, de communiquer de manière compréhensible. Qu’à cela ne tienne, je rembobine, ratiboise et replante !

Dans cette version 2.0, je vais essayer de faire mieux, mais pas parfait (ce serait bien ennuyeux, sinon, et puis à chaque fois que je vise trop haut, je me fais prendre au jeu de la rigide perfection, et ça, non merci, on a testé et c’est pas rigolo du tout.) 

Aussi, ce nettoyage de printemps a été l’occasion d’une mini-introspection de circonstance. Avec la première version de HSGT, j’avais (comme souvent) cédé aux appels des sirènes de l’ébullition disproportionnée. Traduction : j’avais eu les yeux plus gros que le ventre. J’ai voulu poster un article de fond (avec des sujets compliqués, des pavés de cent kilomètres et une rigueur impeccable…) tous les dix jours, ce qui, tic-tac, tic-tac, n’a pas manqué d’enclencher le mécanisme de l’obligation.

Or, je vous le donne en mille : ma Muse-Dragonne fonctionne très mal avec les obligations. L’obligation écrabouille ses orteils griffus et le bouillon créatif qu’elle alimente et dont j’ai bel usage. Je le savais, on me l’avait dit et prédit, eh bien, je n’ai rien écouté et je l’ai quand même fait.

Pourquoi tu te montres aussi têtue qu’un bourricot, ma chère Siècle ? Parce que comme le dit si bien le dicton : « on ne fait pas l’économie de l’expérience ». Je ne sais pas si vous avez déjà vécu ce moment-là : celui où l’envie vous démange de tester quelque idée décapante même si, quelque part au fond de vous, une petite voix ennuyée vous indique très clairement que vos boulons ne sont pas agencés dans le bon sens, que les iguanes n’excellent pas dans les compétitions aquatiques et que, de toute façon, il reste une pile de vaisselle sale (totalement prioritaire) au fond de votre évier. Oui, non, peut-être, vous ne vous en souvenez plus ?

Moi je m’en souviens, ça m’arrive… souvent, doux euphémisme. Il est très difficile de prêter une oreille attentive à cette petite voix (qui nous casse les oreilles, au fond) ou bien à celle de votre arrière grand-père, assis au coin du feu, qui lui a déjà testé dix versions de votre idée novatrice et se sent tout prêt à vous refiler LA réponse. Non. On n’en veut pas, on ne veut pas de la réponse d’un autre, on veut la sienne.

Et pour intégrer une réponse (quelle qu’elle soit), il n’est pas suffisant de la trouver avec sa tête, il faut la vivre : on intègre les leçons que l’on vit. On accepte ses propres mécanismes intérieurs en testant leurs limites. Et c’est très bien comme ça, à condition de retenir la leçon numéro 2 (pas ma préférée, mais j’y travaille). La leçon numéro deux, c’est de ne pas retenter cinquante fois la même expérience ratée avec les mêmes paramètres, mais de concevoir plutôt une « expérience évolutive » (élégant, n’est-ce pas ?) Je dis « « évolutive plutôt que « raisonnable » (parce que rien que le mot « raisonnable » me donne envie d’aller faire la sieste).

Nous y voilà donc. Heart Shaped Glasses Theory, expérience évolutive, deuxième essai, c’est parti ! Qu’est-ce que tu trouveras sur ce site flamboyant neuf, chère visiteuse ? Une vitrine de mon activité d’autrice, c’est-à-dire une présentation de mon moi présent et surtout de mes projets romanesques en cours, cher visiteur ! J’y ajoute également, hop, un agenda pour le futur (soyons prévoyants), la théorie des lunettes en forme de cœur (ça, c’est la pierre de fondation du site, si je l’enlève, le site s’écroule), et quelques articles de blog au gré du Vent qui se manifesteront au moment opportun. Ces articles porteront sur mon activité d’autrice, sur des illuminations rigolotes à la sauce Univers et des lectures marquantes que j’aurais envie de partager avec vous.

Le tout soumis à la règle unique de ce second essai : pas d’obligation, je poste quand je veux, quand j’ai des trucs à dire, sérieux ou non (et pas trop looooooongs), et je fais de cette vitrine-blog une embarcation légère et adaptable et pas un char de compétition qui m’envoie dans le décor tous les trois mois.

En résumé : on récupère le même design, la même Siècle, et on recommence en pareil mais en différent. Il y a quand même deux vraies nouveautés dans cette version 2.0 : la première, c’est que j’ai fait appel à ma chère Aemarielle afin qu’elle réalise une illustration-logo pour chacun de mes quatre projets d’écriture en cours (et je suis ravie du résultat.) La seconde, c’est que j’ai bidouillé un site équivalent en langue anglaise que vous pouvez trouver ici : Siècle in English.

Sur ces belles paroles, lumière sur vos journées respectives, et que cette fin de printemps vous soit douce et soyeuse !

Siècle

The Fountain – Suivre l’étoile d’or

Honorable visiteur, formidable visiteuse, mes hommages !

Aujourd’hui, un court article pour pointer le télescope sur une étoile en or.

Connais-tu le fabuleux film de Darren Aronofsky : The Fountain ?

The Fountain

Source

Si tu ne le connais pas, c’est une chance, car tu as l’opportunité de le découvrir pour la première fois.

Quelle histoire ?

En résumé (court et succinct pour éviter de trop en dire) : The Fountain nous raconte le combat millénaire d’un homme pour sauver la femme qu’il aime, mais aussi son voyage intérieur, initiatique, face à l’inéluctabilité de la mort.

Ce film est composé de trois récits entrelacés qui se déroulent dans :

◊ le cadre de l’Espagne des conquistadors

◊ le présent (avec une mise en avant du paradigme scientifique de notre société)

◊ une dimension spirituelle expérimentée par le personnage principal lorsqu’il est en transe méditative

Ces trois récits peuvent être perçus comme une seule et même histoire qui comporterait trois réalités, trois manières de percevoir la mort (et donc la vie), finalement trois manières d’aimer.

The Fountain

Source

Pourquoi se précipiter à la découverte de ce chef d’oeuvre ?

Je te propose trois raisons.

Contempler

Œuvre poétique (à haute portée spirituelle), The Fountain allie le fond du propos à un esthétisme visuel d’une grande beauté. On peut presque défiler une à une les scènes du film qui sont autant de tableaux au graphisme élaboré. Chaque détail est pensé, agencé avec soin dans un équilibre des formes, des matières et des symboles qui fait de ce visionnage une contemplation. On dit souvent que le beau nourrit l’âme et c’est vraiment le cas ici. La richesse visuelle de ce film joue avec la notion de perfection, d’harmonie, à un très haut niveau. La lumière, l’or, nimbe et sacralise chaque minute du film de ses riches nuances : blancheur aveuglante de l’astre que l’on regarde en face, soleil chaud du midi, dorures patinées par le temps, flammes des bougies, éclats rougeoyants, presque sombres, du couchant. Le processus entier est beau, chaque étape, chaque instant. La forme au service du fond. Et quel fond !

The Fountain

Source

Voyager

Choisir de s’immerger dans The Fountain, c’est partir en voyage aux côtés de Tom dont l’objectif premier est de vaincre la mort. Darren Aronofsky entremêle intimement le thème de l’Amour à celui de la Mort et ces deux « entités » (presque palpables) ne cesseront de dialoguer au fil de l’histoire : confrontation, fuite, combat, acceptation, réconciliation, déni, sublimation. Lorsqu’on embarque dans l’étonnant vaisseau-bulle de The Fountain, on a pour seuls compagnons un très vieil arbre qui a traversé les âges, un livre dont il manque la dernière page (et qu’on a pour mission de terminer), et le fantôme d’une femme vêtue de blanc. Le vaisseau-bulle se dirige vers la nébuleuse, Shibalba, mais Shibalba s’apprête à mourir. C’est inévitable. Quel est donc le sens de ce voyage dont on connait déjà la fin ? On se pose la question avec Tom : pourquoi donc avons-nous embarqué dans ce satané vaisseau-bulle ?

The Fountain

Source

S’émouvoir

Le jeu d’acteur dans The Fountain est à la hauteur de la recherche esthétique et des thématiques abordées par Daronofsky. Hugh Jackman nous invite à revisiter la palette des émotions humaines. Et, parce que la quête du protagoniste principal touche à des réalités universelles (qui ne se pose jamais la question d’aimer et de perdre ?) on retrouve ses propres errances dans les siennes, on partage sa colère, ses questionnements, sa passion d’aventurier et son amour pour cette femme, cet arbre, cette étoile qui, quelque part, semble incarner tous les êtres aimés que nous sommes sur le point de perdre.

Honorable visiteuse, formidable visiteur, je te laisse en tête à tête avec la bande-annonce de The Fountain.

The Fountain

Source

Lumière sur ta journée !

30 paires de lunettes répondent à la question : pourquoi racontons-nous des histoires ?

Chère pousse de séquoia,

Nous voilà réunis, toi, moi et trente paires de lunettes anonymes qui ont bien voulu participer à la cause du jour. Paires de lunettes anonymes, mes hommages. Je vous salue et je vous remercie.

Aujourd’hui, je suis commanditée par le Dieu des Pious qui souhaite faire des expériences rigolotes sur ce blog. 

 

Si ça se trouve, le Dieu des Pious ressemble à ça 

Source

 

Commençons par le commencement.

La question à laquelle nous allons nous intéresser est la suivante : Pourquoi racontons-nous des histoires ?

Etudions la bestiole de plus près :

⇒ L’adverbe « Pourquoi » nous invite à chercher les raisons, les causes, les motifs qui nous amènent à raconter des histoires.

⇒ Voici ensuite quelques synonymes du verbe « raconter » afin de mieux cerner ses implications : raconter, c’est narrer, exposer, relater, détailler, confier, dépeindre avec des mots, décrire, rendre compte, débagouler, révéler…

⇒ Enfin, le terme « histoire », tel que je l’entends ici, répond à la définition suivante : un récit portant sur des événements ou des personnages réels ou imaginaires.

Donc, si je reformule la question autrement, ça pourrait donner : Quelles sont les raisons pour lesquelles nous débagoulons des récits mettant en scène des personnages imaginaires ? Par exemple.

 

Raconter une histoire, c’est tisser un envoûtement

Source

Sur cette question, je suis particulièrement intéressée par la paire de lunettes de ceux qui écrivent (à la force du poignet, dans le sang, la sueur et les bulles). De celles qui, jour après jour, s’attèlent à leurs claviers, enfilent la panoplie des conteurs, mettent en scène intrigues et personnages, cogitent, agencent, imaginent, lient, dénouent, tissent des histoires. J’interroge donc à trente écrivain-e-s, trente amoureux et amoureuses des histoires plongés jusqu’au cou dans la marmite des mots. 

A l’aube de cette expérimentation, on peut se demander : les réponses récoltées formeront-elles un joyeux patchwork ou y aura-t-il une cohérence qui s’en dégagera ? Est-ce que les écrivain-e-s racontent des histoires pour eux ? Ou pour les autres ? Pour quelque chose d’autre ? Seront-ils désarçonnés par la question ou, au contraire, la réponse sera-t-elle évidente, coulera-t-elle de source ? Sera-t-elle humoristique, sérieuse, intellectuelle, émotionnelle, courte, longue, imagée, factuelle ? Est-ce qu’il y a une réponse qui va revenir à plusieurs reprises ?

Ah oui, parce que je ne te l’ai pas encore avoué, chère pousse de séquoia, mais pour compliquer l’affaire, j’ai posé une contrainte majeure à nos invités : il leur faut répondre en une seule phrase. Impossible, par conséquent, de lister, d’organiser ses raisons, d’argumenter longuement. Il faut choisir, compacter, cibler. Pas facile, hein ? Et je te le confirme : ils ont souffert.

 

Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir répondre à sa fichue question ? 


Source

Il est temps, courageux visiteur, héroïque visiteuse. Enfile ton maillot de bain, nous plongeons au fin fond de la marmite !

 

Expérimentation en cours de lancement, prêt, feu, go !

 

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Depuis toujours, j’ai l’idée farfelue qu’un univers raconté et partagé apparaît dans une dimension parallèle, et que pour ancrer dans l’espace-temps ces personnages qui m’accompagnent depuis longue date, je dois écrire leur histoire, l’extirper de ma tête pour qu’enfin, quelque part-nulle-part-ailleurs, hier-aujourd’hui-demain, ils existent à leur tour (save a universe, write a story :p). »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Pour nourrir ma louve intérieure »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Je raconte des histoires pour renouer avec l’enfant en moi, tisser un univers où tout est possible, dire l’amour, la joie, la colère aussi, et jouer, jouer encore avec les mots et les rêves, dans une jubilation effervescente. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Tout d’abord pour apprendre, des informations, des sentiments, des leçons de vie et beaucoup d’autres choses encore que nous ne pouvons pas forcément vivre par nous-même au jour le jour ; pour créer des liens sociaux, capter l’attention de son prochain en lui narrant quelqu’aventure qui l’intriguera sûrement ; pour rêver à ces choses qui pourraient exister, entretenir notre imagination et ainsi nous permettre, en tant qu’espèce de voir toujours plus loin et d’avancer dans le chemin de la vie, d’imaginer des solutions aux obstacles que nous rencontrons ; mais enfin et surtout, pour nous amuser, pour passer le temps, briser l’ennui, combler le vide de nos existences dont nous n’avons parfois que trop conscience ! »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« On raconte des histoires parce que, sinon, les voix dans nos têtes se sentiraient un peu seules ! »

 

Que ne ferions nous pas pour les voix dans nos têtes

                

Source et Source

 

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« En partageant un récit, l’auteur partage un voyage, un univers, des personnages qui vont (ou non) créer du lien avec ceux qui le lisent, il va les toucher, les émouvoir, et de fait vivre quelque chose avec eux par l’intermédiaire du médium que représente cette « histoire » : donc je crois qu’il y aura autant de réponses différentes à cette question que de conteurs mais, si on raconte des histoires, c’est avant tout il me semble pour générer une forme de connexion avec les autres. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Parce qu’un jour on s’est dit « Et si… ? » et qu’on a eu envie de partager nos hypothèses farfelues avec d’autres… »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Pour ne pas se perdre et se découvrir dans le regard des autres, pour s’offrir sans retenue ni crainte et peut être ainsi réussir à faire accepter la part d’ombre qui sommeille en chacun et chérir nos forces cachées. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« J’ignore toujours pourquoi je raconte des histoires, j’en ai débuté une, un jour, et je me suis retrouvée à m’y accrocher avec les dents jusqu’à ce qu’elle soit terminée… avant de recommencer ; et de recommencer encore. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Nous racontons des histoires pour nous évader et transmettre des valeurs qui nous tiennent à cœur. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Je raconte des histoires (oralement ou par écrit) parce que la création de personnages, et, dans une moindre mesure, d’univers, est la meilleure façon que je connaisse de stimuler l’imagination dont j’ai besoin pour bâtir et améliorer les relations entre les êtres humains de la vraie vie, et par là, apporter ma contribution à l’évolution positive de cette réalité imparfaite. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Libérer la vapeur de ma cocotte-minute à histoires me procure du bien-être, me permet des voyages, des rencontres extraordinaires, voire même des incursions dans l’Univers vaëlbanais, et puis, comme j’écris aussi pour des lecteurs, je suis devenue accroc à leur fabriquer des lunettes tout embuées de jus de mangue et de sang frais ; j’adore quand ils les chaussent avec plaisir. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Pour ne pas imploser. »

 

Chaud devant !

Source

 

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Je raconte des histoires parce que si je ne les fais pas sortir de ma tête elles s’accumulent jusqu’à débordement. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Mes histoires parlaient, et parlent encore, de mes peurs, de mes espoirs, de mes passions, des questions que je me pose et pour lesquelles je n’arrive pas à trouver de réponse, poser ces questions au travers de personnages peut m’aider à trouver des réponses, mes histoires m’apprennent aussi des choses sur moi-même, parfois. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Pour donner au monde la forme que l’on voudrait qu’il ait. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« L’esprit renferme en gestation des sentiments, des idées, des réflexions, des situations qui murissent et prolifèrent, parfois plus vite que l’on ne peut les exprimer dans sa société, tant et si bien qu’elles peuvent déborder de l’individu : on appelle cela raconter des histoires. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Nous, je ne sais point, mais si je raconte des histoires : c’est pour vivre plusieurs vies. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« J’aime certes voir la réaction des gens, mais avant tout, j’aime la sensation de la construction, comme la satisfaction qui suit la résolution d’une énigme ou d’un problème : créer un univers, la manière presque logique de relier les fils et dont les choses s’emboîtent ; écrire est ma manière de mettre en forme et de pousser le mécanisme jusqu’au point de fonctionnement. »

 

Jubiler en concoctant la mécanique des histoires

Source

 

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« On écrit pour oublier qu’on est mortel »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« On raconte des histoires pour revêtir simultanément toutes les peaux qui auraient pu nous appartenir, pour déployer son empathie et se connecter à la Toile de l’Univers, pour prendre conscience de l’extraordinaire diversité qui nous entoure, pour se retrouver en devenant créateur de soi-même. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Sans doute parce qu’elles tourbillonnent dans notre esprit, encore et encore, et qu’elles nous empêchent de dormir tant que nous ne les avons pas couchées sur papier, sur musique, sur toile, ou sur tout autre support… »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Parce que le réel, c’est comme un appartement vide, et qu’il faut bien le meubler pour qu’il soit commode et accueillant, pour qu’il se remplisse de belles choses sur lesquelles poser le regard et méditer ; et ça, chacun le fait en (se) racontant des histoires, parfois juste dans sa tête et parfois en les écrivant, en les dessinant ou en les filmant, parce que sans elles, l’Humain ne serait qu’un automate et la vie simplement fonctionnelle – ce qui serait dommage, quand même ! »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Je raconte des histoires pour faire partie du monde. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Parce qu’une créature psychopathe que nous nommons traditionnellement Muse nous pointe un flingue sur la tempe en nous désignant notre clavier avec un petit sourire en coin. »

Si cette image t’émeut au plus haut point, tu es écrivain-e

Source

 

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Je raconte des histoires pour créer « quelque chose », assembler et faire exister tous les petits morceaux qui traînaient dans un coin de ma tête, une idée, un thème, un simple mot qui fait office de premier domino et aboutit à une histoire qui me parle et que je peux partager. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« En racontant mes histoires, je laisse ma voix s’exprimer, je lui accorde son espace de liberté à elle que je tais trop souvent, je partage mon rêve personnel avec d’autres dans l’espoir – un peu vain peut-être – d’en voir émerger de nouveaux. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« Parce que c’est un besoin essentiel et qu’il est impossible de résister aux regards des personnages lorsqu’ils viennent frapper à notre porte pour nous demander de transcrire leur histoire. »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« En ce qui me concerne, j’écris pour explorer, voyager, découvrir le monde à travers d’autres lunettes que les miennes (en l’occurrence celles de mes personnages) et tenter de susciter des émotions chez ceux qui me lisent (frissons, émerveillement, etc.). »

Pourquoi racontons-nous des histoires ?

« On raconte des histoires parce qu’on ne meurt jamais tant qu’on vit dans les livres. »

Retour sur expérimentation

 

Nous y voilà. Défrisante, cette plongée dans la marmite des écrivain-e-s, n’est-ce pas ? Ca en fait des paires de lunettes multicolores ! Je suis certaine, chère pousse de séquoia, que tu en tireras tes propres fruits. En ce qui me concerne, je note trois raisons qui flottent à la surface de la marmite entre deux palmes vertes.

 

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1/Raconter des histoires semble être une nécessité, un besoin, un débordement incontrôlé, presque une absence de choix. Un peu comme si ce n’était pas l’écrivain-e qui décidait de raconter des histoires, mais les histoires elle-mêmes qui décidaient d’être racontées en choisissant leur auteur ou leur autrice : faites vos emplettes, Mesdames, nous avons de tout.

2/Raconter des histoires nourrit les écrivain-e-s, en leur offrant un espace de liberté, de rêve, de voyage, d’imaginaire et de créativité intérieure qui leur fait du bien, voire les aide à se connaître.

3/Raconter des histoires, c’est aussi une manière d’appartenir au monde, de se connecter aux autres, de contribuer à la société, de générer du lien.

Pfiiiiouuuuu… Une chouette expérimentation que cette incursion dans les « Pourquoi » subjectifs de chacun et chacune. Sur ce, je vais re-re-re-re-re-relire les réponses de mes camarades (au milieu desquelles se cachent la mienne) et méditer dessus en compagnie du Dieu des Pious.

Formidable pousse de séquoia, je me fends d’une révérence et je te salue,

Lumière sur ta journée,

 

 

Exercer sa créativité

Cher visiteur, chère visiteuse, lumière sur ta journée !

Aujourd’hui, je vais babiller le temps d’un court article au sujet de la créativité. Pour amorcer cette réflexion, je vais utiliser une image, celle des journées-boucles et des journées-surprises. Prêt, feu, partez !

 

Devenir en créant !

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Journées-boucles et journées-surprises

Dans la vie de chacun d’entre nous, il y a des journées-boucles et des journées-surprises. Les journées-boucles sont celles durant lesquelles nous répétons une routine quotidienne, des habitudes, des gestes automatiques. Lorsque nous observons, ultérieurement, cet ensemble de journées-boucles, notre mémoire nous fournit (avec papier cadeau en prime) une seule journée-souvenir ornée d’un gros ruban. Un peu comme si les événements vécus lors de ces différentes journées s’étaient contractés pour n’en former plus qu’un.
Si nous accumulons un grand nombre d’actions-boucles ou de journées-boucles, le temps accélère et nous avons souvent l’impression de nous faire dépasser par le train de la vie et de rester à quai. Immobile. Spectateur. Pas ultra agréable comme sensation, je te l’accorde volontiers.

 

Attendez-moi !

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Ce qui va donner de la couleur, du mouvement, une délicieuse odeur de vivant à notre existence, ce sont les journées-surprises, celles qui rompent avec le quotidien de mille et une manières.

 

Comment génère-t-on une journée-surprise, par exemple ?

  • En partageant un moment important avec une personne (et je ne pense pas à un échange du type : « tu as pensé à acheter du pain, ce matin ? Non, la boulangerie était encore fermée. Décidément, ça devient une habitude, ils feraient mieux d’ouvrir un magasin d’origamis à la place. » Là, on est dans un échange-boucle).
  • En se détachant suffisamment de l’habitude pour s’émerveiller de ce qui nous entoure et de ce que nous vivons. 
  • En vivant des événements nouveaux, imprévus ou qui nous engagent en profondeur, qui nous demandent d’improviser, de sortir de notre zone de confort, de prendre des décisions. Typiquement, quand je pars en voyage, chaque journée diffère de celle d’avant, je parle à de nouvelles personnes, mon environnement varie, suscitant des réflexions inattendues, un expérientiel unique.

 

 

Les journées-surprises sont comme des cadeaux : une expérience de plus dans le sablier du temps !


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Géant ! t’enthousiasmes-tu. Je signe tout de suite pour des journées-surprises à gogo ! Avec plaisir, cher visiteur, pioche donc une paire de lunettes en forme de paquet cadeau dans le chapeau d’allégeance, chère visiteuse : il t’appartient de vivre une journée-boucle ou une journée-surprise, c’est à toi de choisir. ;-)

Oui mais, contestes-tu encore, je n’ai pas la possibilité de partir en voyage, les conversations passionnantes, encore faut-il les dénicher… et une baguette de pain me serait bien plus utile qu’un origami. Si je signe, il est où mon ingrédient magique ?

Le veux-tu, le voilà : l’ingrédient magique, celui ce qui différencie les journées-boucles des journées-surprises, c’est… taratataaaaaaam… l’acte créatif. 

Oui, parce que créer, ce n’est pas seulement créer « une œuvre », c’est aussi créer une situation, un projet, une relation. Trouver des solutions. C’est innover, improviser, imaginer, élucubrer, inventer. Lorsque nous nous mettons en « mode créatif », nous basculons du même coup en mode conscient, éveillé, actif. Nous réveillons la part de nous-même qui veut le mouvement, l’inattendu, l’expérience, qui veut apprendre. Nous l’aiguisons, nous la défions d’échafauder, de projeter, d’assembler, de concevoir. Nous la libérons de son carcan d’habitude. Or, cette part de nous en meurt (et pas que littéralement) d’envie car son essence, c’est justement de créer. De créer dans le monde et de se créer elle-même au passage.

Lorsque je vis des journées-surprises, j’ai l’impression que le temps s’étire et ma mémoire me restitue, au final, plusieurs journées-souvenirs enrubannées au lieu d’une seule. Créer, c’est vivre deux fois (ou plus), à travers un rapport au temps différent d’une part, et à travers la multiplication (et non la répétition) des expériences que nous faisons, d’autre part.

 

Créer, c’est vivre deux fois


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Il est où le piège ?

Si c’est si facile de créer, si c’est un besoin, pourquoi ne déployons nous pas notre créativité à tous les vents ? Nous sommes ralentis par notre environnement, nous sommes arrêtés par nos peurs.

Prenons un exemple très concret d’environnement qui peut brider la créativité : la systématisation et l’automatisation des tâches. La vie d’entreprise simplifie, réglemente, sectorise le travail dans un objectif d’efficacité. Si de nombreuses personnes sont malheureuses ou peu motivées par leur quotidien professionnel, c’est parce que celui-ci a été vidé de toute part créative, de la responsabilité personnelle d’innovation, de l’opportunité de concocter des solutions, d’inventer des projets. L’effet pervers de cette situation, c’est que l’entreprise qui fonctionne ainsi se prive de la richesse créative de ses membres qui perdent leur motivation à s’investir dans les tâches quotidiennes… désormais vidées de sens/d’essence. Bien entendu, ce n’est pas une généralité et il y a des entreprises tout à fait créatives, au demeurant. 

La vraie raison, celle qui nous fige, prend toujours racine au même endroit : la peur. Nous avons souvent peur de devenir créateur et créatrice, peur de créer, car nous craignons de chuter, de ne pas être à la hauteur de nos propres espérances, ou devrais-je dire de nos propres exigences. Nous craignons de nous perdre en chemin, de devenir autre. Et cette peur nous paralyse. Si nous acceptons la responsabilité de notre créativité, nous acceptons aussi le pouvoir qui va avec et ce que nous en faisons, ou n’en faisons pas.

 

Ouverture

Sur le long terme, l’acte créateur nous offre un grand nombre de journées-surprises, il nous offre du temps, il nous abreuve de sens.
Lorsque nous créons, nous sommes plus vivants, nous vibrons davantage. Nous sommes plus heureux aussi. Nous nous nourrissons, nous nous transformons, nous nous renouvelons. Nous libérons notre image in air pour aller à la rencontre de nous-même.
C’est pourquoi, saisir toute occasion de créer, petite et grande, sur le court, le moyen et le long terme mène à l’épanouissement. C’est pourquoi, à titre personnel, je me crée l’occasion de créer (des articles) en créant un blog où l’on parle de création. Par exemple.

 

Et hop !


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Et toi, jeune pousse de séquoia, crées-tu tes propres portes ?°_°