Tricoter des histoires, oui mais lesquelles ?

Cher visiteur, noble visiteuse, amicale pousse de séquoia, bien le bonjour,

As-tu goûté aux rayons d’or capturés par les branches des arbres et aux cieux striés de ce mois de février ? Je l’espère de tout cœur (et si point du tout, il est encore temps…)

Je poursuis aujourd’hui ma réflexion (et ce post constitue la deuxième partie d’un article en trois temps) autour de la thématique suivante : Quelles histoires raconter ? Quelles thématiques exploiter, entrefiler, insuffler dans nos récits ? Pour qui écrivons-nous et pour semer quoi ?

Pour semer des licornes, évidemment.
Image par chiplanay de Pixabay

Dans l’article précédent, je m’étais demandée pour qui j’écrivais en priorité, pour moi seule ou dans une optique de transmission ? Et j’en avais conclu que ce qui m’intéressait en premier lieu (sans exclure pour autant le processus personnel de transformation que représente l’écriture, mais cela pourrait constituer un article en soi^^) c’était ce média formidable de communication, de partage de réflexions costumées en personnages, que sont les histoires.

Et me voilà face à ma « Seconde Interrogation » – Quelles sont les énergies, les thématiques et les personnages que je souhaite mettre en scène dans mes histoires ? Et pourquoi ?

Avant toute chose, je constate une concomitance indéniable entre mon évolution personnelle et les thématiques qu’il me tient désormais à cœur de développer dans mes écrits. Ce que j’ai appris, les expérimentations et les chutes (aïe, aïe, aïe), les rencontres, les lectures, l’art sous ses multiples formes, et plus que tout l’expérience quotidienne de la vie dans toute sa bariolitude froufroutante (quand on sait écarter les pans du décor en carton-pâte pour regarder ce qui se passe derrière °_°) ont été des enseignements précieux.

Bariolitude froufroutante personnifiée
Image par Peter Kraayvanger de Pixabay

Il y a des taaaaaaaaas de choses que j’ai envie de raconter, mais je vais ici m’arrêter sur trois de mes thématiques favorites, thématiques intuitives majeures qui reviennent se glisser ouvertement (et subrepticement, les coquines) dans chacune de mes histoires.

Ces thématiques se fondent sur le constat suivant : nous naissons et grandissons dans des conditions de vie inégales, et plus ou moins faciles. Nous « héritons » de mémoires familiales, sociales, cellulaires. Nous expérimentons, nous souffrons, nous aimons. La souffrance de l’autre (quelle que soit sa cause) est inquantifiable pour celui ou celle qui n’a pas revêtu sa peau – or, personne ne peut vêtir la peau d’un autre dans tout ce qu’il ou elle possède d’extraordinairement singulier et d’unique. La diversité des richesses, des ressentis, de leurs nuances est infinie, tout comme la diversité des souffrances causées par la séparation, l’ostracisation, et les blessures intrinsèques à la vie sur Terre.

La vie sur Terre
Image par stokpic de Pixabay

Nous possédons, cependant, ce truc génial nommé « empathie » et qui nous permet, au travers de notre propre expérience, de « toucher » quelque chose de l’expérience de l’autre. Car si les expériences sont singulières, les courants d’émotion, de pensées et d’énergie qui les imprègnent pourraient bien être universels.

L’une de ces expériences, singulière et pourtant universelle, est celle de la transfiguration. J’entends par là notre capacité d’exploration, de transmutation, et d’autoréalisation de qui nous sommes, ou de qui nous voulons être.

Cela, je crois, constitue le cœur de « ce qui me tient à cœur » et c’est la première des thématiques que je mets en scène dans toutes mes histoires. Je suis fascinée par les personnages, leurs potentialités multiples et leurs cheminements d’évolution : comment ils ou elles passent d’un point C à un point O. Comment l’on peut se retrouver cerné par ses peurs, ses héritages, un environnement extrêmement contraignant… et trouver néanmoins des possibilités d’évolution. Comment une personne se sculpte elle-même, s’épure de tout ce qui n’est pas elle pour retourner à son essence véritable. Comment elle peut choisir délibérément de quels ingrédients sera constituée sa personnalité à venir.

Je suis ici de parti pris : le parti d’un choix qui demeure, de cette souveraineté toujours présente en nous, celle de bâtir notre royaume intérieur, en dépit des circonstances extérieures (celles du monde ou celles plus pernicieuses encore de nos propres fantômes). J’introduis partout cette capacité de « choisir », voire même « de se choisir » (qui ouvre les portes de l’horizon des possibles), tant elle me parait essentielle.

Transform yourself
Image par John Hain de Pixabay

La deuxième thématique que je désire explorer dans mes histoires est celle du rayonnement.

(Bien entendu, ces thématiques sont organiquement liées les unes aux autres et se répondent, ce qui est plutôt attendu^^).

Par rayonnement, j’entends l’impact que peut avoir une seule personne à travers sa personnalité, son expérience, ses convictions. Mais davantage encore, au travers de son exemple. Plus que toutes les paroles que l’on prononce, je crois que c’est la manière dont une personne agit, incarne ce qu’elle prône, qui irrigue et abreuve celles et ceux qui gravitent autour d’elle. L’une des propriétés magiques du rayonnement, c’est son caractère exponentiel, sa tendance à se propager, un peu comme des dominos qui, clac, clac, clac, clac, clac, sont impactés et impactent à leur tour leurs voisins.

Chaque individu rayonne, dans un cercle plus ou moins grand, plus ou moins fort selon les périodes de son existence, mais chacun et chacune influence le cercle direct et indirect avec lequel elle ou il entre en contact. Grands transmetteurs que nous sommes, nous relayons nos peurs et nos lumières, nos ombres et nos querelles, nous relayons tout ce qui nous traverse… Je trouve ce « rayonnement » de chaque être fascinant, d’autant qu’il nous ramène, encore une fois, à la question du choix ­– quelles informations, énergies, modes de vie voulons-nous incarner, relayer, rayonner ? Tout un programme !

Nous sommes des petits soleils
Image par Clker-Free-Vector-Images de Pixabay

La troisième thématique que je souhaite tricoter dans mes récits, c’est ce jeu des polarités que l’on observe partout (mouvement/néant, amour/peur, esprit/matière, unité/séparation, masculin/féminin) et la possibilité d’une troisième voie, celle des ponts qui relient les mondes, des camps qui dialoguent, des affrontements métamorphosés en danse, une danse qui sait écouter et s’accorder au mouvement subtil de l’autre. Passionnante thématique qu’on pourrait grignoter dans tous les sens, il en resterait au moins pour soixante-trois siècles et demi !

Il ne t’aura pas échappé, bondissant visiteur, tournoyante visiteuse, courageuse pousse de séquoia, que j’envisage de développer ces trois thématiques sous un angle résolument positif, où l’on progresse de l’ombre vers la lumière, de la peur vers l’ouverture et de l’emprisonnement vers la libération. Là aussi, c’est un parti pris sur ce que « j’ai envie de transmettre » : des messages d’espérance, de confiance et de lumière, de transmutation, de guérison et de libération.

La guérison du coeur
Image par Comfreak de Pixabay

Et c’est là qu’une « Troisième Interrogation » est venue me chatouiller les oreilles : j’ai constaté que je ne prenais pas toujours le chemin permettant de tricoter les thématiques qui me tenaient à cœur sous un angle positif. C’est pourquoi, j’ai voulu transformer (et c’est une démarche toujours en cours) ma manière de concevoir et de travailler mes textes afin qu’ils s’harmonisent avec ma démarche personnelle et mes lunettes en forme de cœur. Et ce sera l’objet de la troisième partie de ce looooong article, à venir très bientôt !

D’ici là, je dépose sur l’autel de nos muses une brassée de feuilles de platanes, un nectar de ciel bleu, et la vivifiante caresse de la bise hivernale !

Lumière sur ta journée,

Siècle

8 commentaires sur “Tricoter des histoires, oui mais lesquelles ?

  1. De belles raisons d’écrire indeed… et qui correspondent tout à fait aux textes que j’ai lus de toi.
    Venise, Regard et Reine gardent leur emprise sur mon coeur, malgré le temps qui passe…

  2. Louve errante dit :

    J’ai cherché tes thématiques dans mes propres ouvrages, tant elles me parlent. J’espère réussir à les partager aussi bien que je le voudrais, même si le chemin est long pour trouver le juste équilibre et la juste part d’universalité dans les individualités des personnages que l’on raconte.
    Parce que chacun d’entre eux a sa propre histoire, et que pourtant, ils racontent tous la même chose : le lien à l’autre et au monde.

    • Siècle Vaëlban dit :

      C’est tout à fait ça, et tu le dis très justement : c’est un long chemin d’écoute pour apprendre à équilibrer, affiner ces thématiques dans une/des histoires (mais quel chemin passionnant). Merci pour tes précieuses paroles, ma Louve. <3

  3. Roanne dit :

    Entièrement d’accord avec Nathalie, ce sont de belles raisons d’écrire ; si en plus tu y ajoutes de plus en plus ton propre rayonnement pour en faire des textes lumineux, je ne peux qu’attendre la dernière partie de cet article, avec des étoiles plein les yeux.

    • Siècle Vaëlban dit :

      Je t’en remercie, ma chère Roanne… et ce sera en effet le coeur de cette troisième partie : ce rayonnement « lumineux » peut se carapater sans crier gare… il faut parfois confectionner un « filet à soleils » sur mesure pour l’attraper, l’étudier et le libérer dans nos histoires.^^

  4. domi dit :

    De bien beaux thèmes d’écriture, ils te correspondent bien ; il n’y a plus qu’à patienter pour enfin les lire dans tes romans ! :)

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