L’écrivain, cet iceberg en perpétuelle expansion

Bien le bonjour papillonnante visiteuse, visiteur bondissant, toi qui passe en ces lieux !

Si tu écris régulièrement, passionnément, avec l’objectif de terminer tes histoires, de les faire lire et qu’il te semble très compliqué d’expliquer ce que tu fais vraiment à ton entourage, cet article est pour toi.

Si tu n’écris pas mais fréquente dans ton environnement plus ou moins direct une ou plusieurs de ces étranges (mais délicieuses) créatures qui se targuent d’écrire un roman-jusqu’au-bout, voire de le faire publier, cet article est aussi pour toi.

Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, je décortique ce qui se passe dans la marmite de l’écriture…

Cela fait huit années (°__°) que j’écris, que je raconte des histoires que j’espère achever, améliorer, partager et un jour publier. Mais le processus d’écriture est un processus lent qui fourmille d’étapes, de questionnements et d’apprentissages. A qui n’écrit pas, ce processus peut souvent paraître nébuleux (et très, très, très long). Ainsi, lorsque j’ai commencé à écrire… bon, à dire vrai, au début je n’osais pas trop dire que j’écrivais sérieusement à voix haute.

Reprenons donc : lorsque j’ai commencé à dire que j’écrivais avec l’idée d’être un jour publiée, que c’était du sérieux, que c’était un métier, mon entourage m’a demandé : « Ah oui, tu écris ? Tu écris quoi ? Super, quand pourra-t-on te lire ? » Ce à quoi j’ai répondu : « Pas tout de suite, je dois apprendre, c’est du boulot long terme ! »

L’année d’après, puis la suivante, mon entourage attentionné s’est enquis de mes progrès : « Alors, Siècle, tu en es où, ça avance l’écriture ? » Et moi, enthousiaste et sincère : « Ca avance, très cher, ça avance joliment même, belle amie. » Une autre année passe et la question revient en boucle : « Et quand peut-on espérer te lire ? » Moi : « Aucune idée, mais ça avance vraiment méga-top bien. J’adore ce que je fais, même si c’est beaucoup de boulot : il faut être patient ».

Deux années plus tard, mon entourage un peu blasé vérifie : « Tu écris toujours ? (Sérieux, tu n’as pas lâché l’affaire pour planter des salades? °_°) » Puis très très gentiment : « tu crois vraiment que tu seras publiée un jour ? ». Et moi, innocente pâquerette au milieu du désert : « Oui, oui, ça avance, les amis, ça avance (et je plante aussi des salades, l’un n’empêche pas l’autre. ) »

Fait véridique et vérifié : les salades poussent plus vite que les livres – Source

Et… roulement de tambour : oui, ça avance, vraiment ! Mais le processus de l’écrivain qui s’engage sur la route des histoires passe par une plus ou moins longue période d’apprentissage de son métier. Cet apprentissage, laboratoire d’expériences littéraires, de décortication minutieuse des textes, précède souvent la première publication. On continue bien évidemment d’apprendre et de développer son processus d’écriture par la suite, mais cette première publication correspond à ce que j’appelle « la sortie des flots » : le passage d’une frontière impalpable mais très visible.

L’écrivain pourrait être en quelque sorte perçu comme un iceberg en perpétuelle expansion. Il se passe énormément de choses sous les flots du bouillonnement créatif avant que la pointe de l’iceberg (comprendre ici : l’histoire achevée et publiée) n’apparaisse à la surface du monde.

Parce que ça m’amuse carrément et parce qu’un petit dessin vaut mieux qu’un trop long discours ou une liste à rallonge, je vous ai gribouillé un croquis.

Iceberg – THE croquis du Siècle

Je précise que mon terrain d’observation favori accueille des centaines d’autrices et d’auteurs en apprentissage et à différents stades de construction de leur iceberg. J’ai vu de nombreuses flèches de glace percer la surface des flots au fil des années. De formidables conteurs dont je raffole sont encore sous la surface et quasiment tous et toutes (visibles ou invisibles) sont et demeurent en perpétuelle expansion.

L’écrivain, cet iceberg en perpétuelle expansion

Disclaimer 1 : Ce n’est pas mon processus spécifique mais plutôt une synthèse d’expériences que je décris ici, même si j’ai trempé les orteils dans plusieurs des cases évoquées.

Diclaimer 2 : Tous les écrivains ne vivent pas leur création en mode « génial, je suis un iceberg en perpétuelle expansion ! » mais je pense que pas mal d’entre eux se reconnaitront dans cette métaphore. Pareillement, les étapes représentées sous la surface des flots ne les concernent pas tous et toutes, et il y a des tas d’étapes supplémentaires/alternatives que je n’ai pas citées.

Disclaimer 3 : Le temps passé sous la surface des eaux ne garantit pas la qualité du résultat final. Je connais des autrices hyper rapides qui n’ont passé que deux ou trois années sous la surface des eaux avant (plop) d’en sortir le bout du nez. Beaucoup d’autres y passent cinq ou six années, voire neuf ou dix années (hum, coucou la surface, on se rapproche…) Et parfois, quinze à vingt années s’avèrent nécessaires à un auteur pour cheminer toutes les étapes de sa création immergée.

Globalement, il faut garder en tête qu’à moins d’être un génie littéraire sorti tout droit de l’œuf le plus adorable de la création (ça arrive, mais ce n’est pas la règle), les premiers écrits sont… enthousiastes et bourrés d’erreurs de débutant. Ecrire, on ne le dira jamais assez, ça s’apprend. Et donc l’écrivain qui s’accroche et veut VRAIMENT écrire va consacrer beaucoup de son temps à un ensemble d’étapes qui prendront chacune entre plusieurs mois et plusieurs années. Certaines de ces étapes seront répétées à plusieurs reprises et dans le désordre (nous n’apprenons pas tous et toutes de la même manière et ne possédons pas non plus les mêmes Némésis de l’écriture).

Dans tous les cas : patience, confiance, persévérance et détermination demeurent les maîtres mots !

Noble visiteuse, froufroutant visiteur, jeune pousse de séquoia, je te salue bien bas et te souhaite de t’amuser autant que moi sur le chemin de l’écriture (et de ne pas t’y astreindre en solitaire). C’est tellement plus exaltant d’embarquer sur un navire de fous des lettres plutôt que de prendre sa barque et ses rames trop lourdes vers l’infini et au-delà.

Sarabande de lumière sur ta plume et mes hommages au cortège de nos Muses qui le méritent bien !

Siècle

12 commentaires sur “L’écrivain, cet iceberg en perpétuelle expansion

  1. Escrocgriffe dit :

    Gros coup de cœur pour ton dessin ❤️J’adore le concept de l’iceberg en expansion, tu as parfaitement résumé ce que je ressens Oui, le processus est long, 12 ans dans mon cas… Je pense aussi que créer un univers rend cette gestation encore plus chronophage que si l’on situe son action « de nos jours ». Bon courage en tout cas

    • Siècle Vaëlban dit :

      Ah, je suis bien contente que le concept (et l’image) résonnent en toi, mon Capitaine (j’avoue que j’étais curieuse de connaître ton ressenti). Et je plussoie pour la construction d’univers (surtout avec un imaginaire aussi foisonnant et détaillé que le tien.)

  2. Domi dit :

    Très juste billet sur le processus d’apprentissage, son artisanat et l’humilité qu’il exige pour s’accomplir. L’iceberg est bien vu, et le processus de travail s’apparente à mon sens à un mille feuilles. Couche de correction après couche de correction, se dire que chaque phase nous rapproche d’un texte abouti. Hâte de te relire !

    • Siècle Vaëlban dit :

      J’utilise également cette image du Millefeuilles pour désigner les couches de corrections successives (et si nombreuses) qui sculptent, petit à petit, un texte. Hâte de te relire (bientôt sur papier <3) tout autant de mon côté, ma chère Domi, merci de ton passage en ces lieux.

  3. Escrocgriffe dit :

    Merci, mais tu n’es vraiment pas en reste en ce qui concerne l’imaginaire foisonnant ^^, j’ai hâte que tu partages tes magnifiques monde avec le plus grand nombre <3

  4. Roanne dit :

    Il est magnifiiiiiique cet iceberg ! Et tellement plus visuel / moins flippant que la liste. J’adore ! Super idée et très bonne façon d’imager le (souvent) long et (souvent) fastidieux processus d’écriture.

    • Siècle Vaëlban dit :

      Ouuuuuiiii, il est très mignon, cet iceberg, il m’a fait beaucoup rire et je pense qu’il reflète pas mal ces étapes qui s’enchevêtrent organiquement au fil du temps… et qui font qu’on a tous et toutes plein d’icebergs uniques, aux formes bizarres et merveilleuses !

  5. Aemarielle dit :

    Moi je reste fixée sur le « c’est oui !! » avec des paillettes plein les yeux ! Je veux savoir, je veux comprendre, je veux tout connaître !!!!!!!!!!!!!!

    • Siècle Vaëlban dit :

      Lol ! ^^ On en est tous un peu là… Pour les paillettes, c’est pas encore pour tout de suite par ici. Et d’ailleurs, est-ce que tu penses soumettre la dernière mouture du Dieu Noir quelque part ? Et ta délicieuse boutique en ligne : bientôt bientôt, ma chère Aemarielle ?

  6. Louve errante dit :

    Oh j’adore cet iceberg ! Je me suis tellement reconnue dedans. « Je réécris intégralement 1er P » m’a bien fait rire ! C’est aussi ça, avancer. Ecrire, réécrire, tester, et parfois faire le deuil de projet-labo pour pouvoir passer à autre chose en ayant gagné une nouvelle sérénité.
    C’est amusant parce que je discutais justement du temps d’apprentissage du métier d’auteur avec Florieteller il y a… même pas 15 jours ? Et paf, tu écris un article sur le sujet ! Si ça, ce n’est pas de la transmission de pensée !

    • Siècle Vaëlban dit :

      Je suis happy que cet iceberg résonne avec toi aussi. Ah, les réécritures intégrales qu’on avait pas anticipées, il n’y a que ça de vrai. Et c’est drôle de savoir que vous discutiez de cette temporalité du métier avec Florie, il y a si peu de temps… comme quoi, les antennes de l’Univers sont toujours aussi pointues.

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